« Merci beaucoup, merci de votre soutient ! » Ça devenait de plus en plus insupportable de te dire que petit à petit, lentement, tu perdais le goût à la musique, que chaque représentation, comme celle de ce soir, te poussais un peu plus vers la vide, le manque total. Et t'avais beau en vain adresser de grand sourire à la foule, à ton public malgré tout conquis par ton interprétation de ce soir, t'avais toujours cette impression de vide qui creusait ton pauvre cœur déjà meurtris. Le pire dans tout cela, c'est qu'en plus d'être malheureux, t'avais aucune idée de ce que tu voulais. La plupart des dépressifs dont t'avais entendu parler avait un but, une envie impossible à satisfaire, un rêve, une utopie... Mais toi tu n'avais rien qu'une âme vide et lassée de tout, devenue tout naturellement ce que t'étais aujourd'hui : un pauvre type emmerdeur, qui ne se satisfaisait plus de rien. Et ça, ce n'était pourtant pas toi. Le véritable Ben était loin d'être ainsi, mais une genre de lassitude l'avait emportée avec elle, t'avais sans doute pas été assez prêt pour New York, et c'était ça qui te tuais le plus.
Le deuxième assistant t'attendais déjà en coulisses alors que le rideau venait à peine de se baisser. Il te tendit une cigarette déjà allumée, mais tu refusais d'un simple geste de la main, attrapant une bouteille d'eau en soupirant. Il n'émit aucun commentaire, te félicitant d'une simple petite tape dans le dos avant de filer à ses affaires. Tu le regardais du coin de l’œil disparaître avant de le faire à ton tour, rejoignant d'abord ta loge pour prendre une rapide douche et enfiler une tenue autre que ton costume de scène. Sans regret tu quittais ton personnage pour redevenir le pauvre bougre de Ben, auquel tu ne gratifias qu'un petit regard dans le miroir. T'étais d'une tristesse ce soir, n'importe qui l'aurait sûrement pris pour de la fatigue, fallait dire que ça t'arrangeais bien.
Tu saluas les quelques groupies qui faisaient la queue dans l'entrée, les gratifiant d'un petit sourire charmeur tout à fait artificiel, et signant leur autographe d'un geste rapide et habitué. Après de longues minutes, tu réussis enfin à te dégager de leurs griffes, et tu filais grimper dans ta porche, mordillant ta lèvre en essayant dans ta tête de te faire le plan de ton itinéraire. En vain, tu ne connaissais vraiment pas cette nouvelle ville, t'étais bien trop loin de New York. Tu soupiras, mettant le contact en commençant doucement à rouler, puis t'arrêtant finalement sur le coté en mettant tes clignotants. Tu grognas, plongeant dans ta portière pour y chercher des cartes routières, en vain, t'avais jamais été très organisé ni très prévoyant... « Merde... » Tu soufflas, trop crevé par cette journée pour faire face à encore d'autres conneries.
« Music is the greatest form of therapy. » Lea Michele
J'applaudis à la fin de la représentation, pour le moins ravie. Benjamin Hudson. Je ne sais pas si je peux aller jusqu'à dire que je suis une grande fan, mais... une jeune recrue de Beacon Hills, chanteur, acteur, talentueux à souhait... Cela me réconfortait en un sens. Je ne connaissais rien de sa vie, du moins pas grand chose de plus que ce que je vous ai dis précédemment, mais si il y est arrivé... alors je voulais croire que moi aussi je le pourrai un jour. D'autant que j'avais un peu plus de chance que lui : moi je venais de New York ! Et on dira ce que l'on veut, il n'y a rien de mieux que d'être formé par la Big Apple... Je dois reconnaître que j'étais plutôt contente... car on dira ce que l'on veut, mais même moi qui suis pourtant du genre à rester tranquillement chez moi et regarder ce que je veux à la télé ou via mon ordinateur, lorsqu'il s'agit d'une comédie musicale ou d'un concert, et en particulier lorsque vous aimez l'acteur ou le chanteur, ça ne vaut pas la même chose que lorsque l'on y assiste sur place. Parce que je sais de quoi je parle, je peux vous dire que rien ne vaut pour un chanteur d'avoir un public face à lui, plus encore lorsque ledit public vous aime et vous soutient, et pour un spectateur, rien ne vaut cette idée de voir le chanteur en vrai, en direct, d'être à quelques mètres de lui. En bref, j'étais donc plutôt contente de ma soirée, et c'est le coeur léger que je m'en retournais à ma voiture... ou plutôt tentait de le faire. Soudainement, je me souvenais de la principale raison pour laquelle je fuyais les concerts et autres shows que je ne donnais pas : les gens. Ils avaient cette salle manie de s'agglutiner et de vous bloquer la passage, un truc de malade en somme. Lorsqu'enfin je parvins à m'extirper de cette foule en délire qui chahutait, papotait, et parfois même s'engueulait, les uns ayant tel avis, les autres un avis contraire, je ne fus pas mécontente de rejoindre le parking. Le soucis lorsque vous achetez une voiture qui se fond dans le décor, c'est qu'en règle générale, tout le monde possède la même... ou une grande partie du moins. Or là, une voiture noire, commune quoi, surtout quand il fait déjà sombre et que vous vous rendez compte d'à quel point c'est dingue le nombre de personne qui achètent une voiture de la même couleur.... Ouais, c'est pas simple. Tentant d'ouvrir et de verrouiller les portières pour me fier au bruit, je fini enfin par la retrouver. -Non mais je rêve... ?! Un parfait imbécile heureux ( visiblement le mec bourré de fric qui se fout royalement des autres à en juger par la voiture et par la couleur de ladite voiture ) avait cru bon de se garer juste devant la mienne... génial. Très malin. Je frappais sans ménagement à la fenêtre. -S'il vous plaît ? Descendez cette foutue vitre ! C'est pas permis de tomber sur des gens pareil... !
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Dim 8 Juin - 23:25
Ben&Phoebe ✻ just met you.
T'étais crevé. T'avais qu'une seule envie : rentrer chez toi, nourrir le chien et aller te coucher. Ta vie n'avait plus que ce sens là en ce moment. Tous les jours c'était pareil. Tu te levais vers onze heure et déjeunait, puis t'allais faire un jogging avec ton labrador pour ne pas grossir -tu n'imaginais pas l'horreur si tu prenais du poids et que tu ne pouvais plus rentrer dans le costume- tu t'offrais un peu de détente sur la plage le temps de reprendre ton souffle, tu rentrais à l’hôtel et passait le reste de l'après midi à lire ou à regarder des vieilles comédies musicales qui gamin te faisais rêver, tu te préparais pour le spectacle... Et puis voilà, tu jouais et chantais toute la soirée avant d'aller te coucher. Ta vie s'était enfermée dans une espèce de routine affreuse qui te rendais dingue. T'étais pas heureux mais t'étais trop crevé pour t'en rendre compte, tu faisais simplement ce qu'on voulait que tu fasses et voilà. C'était assez triste, dit comme ça.
« S'il vous plaît ? Descendez cette foutue vitre ! » Tu poussais un grognement, levant les yeux de ta carte routière. Qui était encore la conne qui venait te faire chier ? Tu râlais, descendant finalement cette vitre en baissant le Barbra Streisand que diffusait ton poste radio, la seule et l'unique qui était capable de te calmer. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Tu demandas de ta voix grave, soupirant. « Écoutez je suis paumé, d'accord ? Donc faites un peu preuve de patience, comme vous faites lorsque vous attendez pendant neuf mois vos chiards, d'accord ? Merci. » Tu roulais les yeux, pinçant les lèvres. « ... » Tu levais les yeux vers elle. « Vous êtes d'ici ? C'est par où le centre ville ? Oh ne répondez pas si vous voulez, moi je peux dormir dans ma voiture, ça ne me pose aucun problème. »
« Music is the greatest form of therapy. » Lea Michele
Nan mais j'hallucine ! Ce mec se plantait là, devant MA voiture, et ça le faisait encore chier que je vienne lui demander de bouger ! Le gars est dans son tort, et il l'a ramène encore s'il vous plaît ! Et je n'avais pas besoin qu'il descende sa fenêtre pour voir l'expression de son visage... Lorsqu'il se décida enfin cependant, et que je reconnu le " grand " Hudson, mon estime s'envola plus vite qu'elle n'était venue. Je m'attardais cependant sur la musique qui s'échappait de l'intérieur de sa voiture, musique qu'il baissait par ailleurs, mais que je reconnu sans peine : Barbra. Se pouvait-il qu'il aime sa musique ? ...Non, il était trop prétentieux, et trop jeune pour cela. Les jeunes de maintenant n'aiment plus la bonne musique, pourquoi aimerait-il ? Cela devait être simplement une chanson à la radio... Cette hypothèse fut rapidement évincée par la pochette du CD glissé au dessus du volant. Il aimait Barbra Streisand ce saligaud ! Il n'était même pas digne d'écouter sa musique ! -Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'il y a ? QU'EST-CE QU'IL Y A ?! Non mais il se foutait de ma gueule ou quoi ? Inspirant à fond, tentant de me maîtriser suffisamment pour ne pas laisser le loup en moi prendre le dessus sous peine de lui faire une superbe trachéotomie, je répondis d'abord simplement, platement, m'échauffant à mesure. -Vous êtes garé juste en face de ma voiture. Alors maintenant vous dégagez votre bolide de là, genre de... dix mètres ? Comme ça, moi je pars, vous prenez ma place de parking si ça vous chante, et tout le monde est content ! -Écoutez je suis paumé, d'accord ? Donc faites un peu preuve de patience, comme vous faites lorsque vous attendez pendant neuf mois vos chiards, d'accord ? Merci. Ma main posée sur sa voiture s'enfonça doucement dans le métal, déformant le toit. Je devais me contrôler. Dans le cas inverse, il saurait que je suis une louve et, ne cherchant plus à me cacher, j'allais commettre un autre meurtre. Littéralement. -Attendez de devoir les porter ces gamins avant de parler, on en rediscutera après Monsieur-Je-Suis-Plus-Malin-Que-Les-Autres. Alors maintenant paumé ou pas, ça va pas vous tuer de déplacer votre bagnole ! Ce qui risque de vous tuer est surtout de ne pas le faire..., finis-je intérieurement. J'avais bien une petite idée de ce que je pourrais faire si il refusait de bouger... du genre monter dans ma voiture et foncer droit sur lui, en plus comme je dois reculer, au pire, je ne me ferai pas bien mal ! Lui par contre... ça risquerait de moins lui plaire ! -...Vous êtes d'ici ? C'est par où le centre ville ? Je le toisais, l'air de dire " Sérieux, tu penses vraiment que je vais te répondre ? ". Je crois que cela se passait même de tout commentaire, s'il croyait pouvoir se montrer odieux avec moi et me demander de l'aide ensuite, c'est vraiment qu'il ne me connaissait pas. M'apprêtant à me diriger vers ma voiture, Hudson me lança. -Oh ne répondez pas si vous voulez, moi je peux dormir dans ma voiture, ça ne me pose aucun problème. Je soupirais et me retournais, revenant à sa fenêtre et lui arrachant presque le plan des mains. -Stylo. Ce n'était pas une demande, une exigence plutôt. Le lui prenant sans plus de gentillesse que je ne l'avais fais avec le plan, je fis une croix sur le plan. -Vous êtes franchement pathétique. On est ici. Et vous voyez là, où il est écrit DOWNTOWN ? Je l'entourais, au cas où il ne l'aurait pas vu. Difficile de le louper, mais visiblement... -Devinez quoi ? C'est le centre ville ! Vous dégagez maintenant ? Laissant tomber carte et stylo sur les genoux du conducteur je me redressais, bras croisés.